Les mois passent et amènent son lot de disparus. La faucheuse est passée comme à son habitude froide et dure. On vous dira que c'est la vie. Jeff Beck naviguait entre ses guitares, sa technique aux doigts et les voitures car c'était un sacré collectionneur de voitures aussi comme beaucoup de ses acolytes du rock. Beck n'était ni une star déchue, et ne se prenait pas pour une star d'ailleurs. Jeff Beck jouait. Son nom symbolisait la guitare et le rock c'est aussi simple que cela.
Ma découverte de Jeff Beck et son écoute s'est passée en trois phases...
La première chose que j'ai vu de lui était un court extrait du film "Blow up" d'Antonioni où les Yardbirds jouaient le très célèbre "Train ketpt a rollin" dans le spécial "Hard-rock" de l'émission "Les enfants du rock". Jimmy Page tenait l'autre guitare et Beck s'acharnait à massacrer sa guitare contre ses amplis Vox qui ne ronflaient pas comme il voulait. Cette fureur mythique mise en scène m'avait tant interpellé que j'avais gardé l'enregistrement sur k7 audio de l'émission. Jeff Beck était pour moi un guitariste hargneux et j'imaginais que son patrimoine de compositions devait avoir cette sauvagerie. Mais çà n'alla pas plus loin. La vague AC/DC avait tout emporté. Le rock était austral pour moi.
Lorsqu'un adolescent comme moi découvre Led Zeppelin le mal est fait. Il en vient à épancher sa soif de curiosité en se documentant sur l'amont du truc et il tombe sur les Yardbirds. Cela a marché plus ou moins ainsi. Ce fût la deuxième fois que je prenais rendez-vous avec la musique de Beck. Mais ce ne fût pas en France que je croisais sa musique. Lors d'un voyage à Rome et au gré d'une balade qui nécessita que je m'arrête dans un tabac-presse je trouvais un fascicule sur le guitariste accompagné d'une k7 où était vendu l'album "Wired". J'ai passé ainsi cet été-là avec ce disque dans les oreilles. Or entre les Yardbirds et la période en solo avec l'album "Wired" il y avait un monde. Non il fallait que je creuse.
Il faut toujours une troisième fois à diverses choses. Nouvelle écoute des Yardbirds chez un ami et le reste vint. Très vite à côté des disques du Zeppelin trônaient les albums auxquels le guitariste avait participé. Car il y avait chez Beck quelque chose qui n'existait pas chez Jimmy Page. Ce n'était pas un truc en plus c'était autre chose. C'était différent tout simplement.
Pour pas mal que nous étions à lui tout seul il symbolisait les sixties et ce fameux Swinging London(avec ses mythiques musiciens de studios) où il avait remplacé Eric Clapton dans les Yardbirds. il y avait amené le psychédélisme (Heart full of spoon, shapes of things, For your love) et avait certainement été quelque part un modèle pour Page tant il était inventif(un des premiers à utiliser la distortion et l'effet Fuzz).
Il passa à la vitesse supérieure en créant le Jeff Beck Group en 1968 avec en son sein un certain Rod Stewart et Ronnie Wood. On est là dans l'essentiel d'une discothèque avec 4 albums à écouter re-écouter. Les folles années 70 se finirent avec lui et son power-trio Beck-Boggert-Appice où il était magistral, une anti-chambre de sa très longue carrière solo qui compte plus d'une douzaine d'albums magistraux dont les fameux "Blow by Blow", "Wired", "Crazy Legs" ou encore l'énormissime "Guitar Shop".
Rock, blues, jazz-rock, fusion Jeff Beck sera allé jusqu'au bout de la chose, de sa technique, de son art en traversant les modes, les ages du rock(jouant sur le dernier Ozzy Osbourne) le rendant unique et indissociable du mot "Power-trio" tant il en maîtrisait la chose de bout en bout. Il laisse un patrimoine pyramidal, une multitude de collaboration (Stanley Clarke, Box of Froggs, David Bowie, Roger Taylor, Rod Stewart, Honeydrippers, Mick Jagger, Carlos Santana, Buddy Guy, Bon Jovi, Roger Waters, Kate Bush, Joe Cocker, Pretenders, ZZ Top, Toots and the Maytals, etc...)des lives incroyables dont un où il avait invité son vieux copain Jimmy Page a joué sur "iimigrant song et Beck Bolero". Ce dernier doit être bien triste de la disparition de son copain de studio...
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